
Crise entre la Russie et Ukraine : Vladimir Poutine déterminé à garantir la sécurité de l’espace russe
Depuis ce jeudi 24 février 2022, le monde est entré dans une nouvelle guerre. Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, a ordonné une vaste opération militaire dans les Etats séparatistes de l’Ukraine. Cette guerre était prévisible. Depuis un mois, plus ou moins 150.000 soldats russes campaient, avec un armement sophistiqué, aux portes de l’Ukraine, un pays que je connais bien pour avoir séjourné dans la ville d’Odessa, au bord de la mer noire. Craignant toute invasion militaire, les dirigeants occidentaux se sont succédé dans l’immense salle du Kremlin pour tenter de calmer Poutine. A cela se sont ajoutés les pourparlers à Genève entre les ministres des Affaires étrangères des USA et de la Russie. Aucun résultat positif n’a été obtenu par Antony Blinken et Serguei Lavrov. Le maître du Kremlin qui parle de l’histoire « glorieuse » de la Russie, refuse toute expansion de l’OTAN aux portes de son pays, c’est-à-dire dans les anciennes républiques soviétiques. Il craint qu’un jour, ces forces n’attaquent son pays, ou ne diminuent son influence sur la scène internationale.
L’évolution de la situation dans cette partie de l’Europe ne laissait aucun doute sur cette guerre. Depuis 2020, l’Ukraine participait aux exercices conjoints de l’Otan, ce qui a toujours été perçu par Moscou comme une provocation. C’est la preuve, de l’avis de Poutine, que les Occidentaux ne respectent pas leur promesse de ne pas étendre l’Otan vers l’Est. En conséquence, à en croire Carole Grimaud Potter, « Vladimir Poutine a pris peur et décidé d’amonceler ses troupes à la frontière pour exercer une pression et réunir, autour de la table, les Etats-Unis et l’Otan afin de discuter d’une nouvelle stratégie de sécurité européenne ». Ses préoccupations n’étant donc pas prises en compte, il a décidé d’agir.
À l’époque, signale la professeure Carole, les Etats-Unis et l’UE se sont contentés de faire avancer la diplomatie sur la question du Donbass où le conflit perdure malgré les accords de Minsk. Ils ont pensé que régler ce problème était la condition première pour parler de sécurité européenne. Cela n’a pas suffi à calmer le président russe.
Mais, le fait qu’il ait reconnu l’indépendance des Républiques populaires de Donetsk de Lougansk, a suscité l’indignation de la communauté internationale. Ces deux Républiques autoproclamées sont disputées car très importantes économiquement: elles abritent de nombreuses mines de charbon. Est-ce pour cette raison que les Occidentaux s’agitent tant ? On le saura un jour.
Certes, l’Ukraine est aujourd’hui un pays indépendant qui peut signer des traités avec les partenaires ou les organisations internationales de son choix. Mais, le président Zelensky ne savait-il pas qu’en cherchant à adhérer à l’Otan, il prenait de gros risques dans la mesure où les dirigeants russes ne supporteraient pas qu’il donne des espaces aux ennemis de leur pays? Ne savait-il pas que tôt ou tard, Vladimir Poutine, dont la longue carrière au sein du KGB lui a permis de mieux connaître le comportement des Occidentaux, finirait par réagir, voire militairement ? Enfin, ne savait-il pas que les dirigeants d’Europe et d’Amérique qui crient au scandale aujourd’hui, n’enverraient pas leurs soldats mourir pour défendre l’Ukraine? Ses services de renseignement ne l’ont pas suffisamment aidé dans ce sens. Les conséquences sont là.
Pour ce qui est des sanctions économiques que prennent les pays occidentaux, notamment l’Allemagne qui a gelé le gazoduc Nord Stream II qui la relie à la Russie, le maître du Kremlin affirme que ces sanctions ne l’intimident pas du tout. Des dispositions auraient déjà été prises pour les contourner.
La question que l’on peut se poser à présent est celle de savoir si les changements que Vladimir Poutine veut imposer à Kiev vont-ils permettre de garder la configuration de la géopolitique mondiale? On le saura dans les prochains mois.
YAMAINA MANDALA