
Point de vue: Les paradoxes de l’Occident en rapport avec la démocratie dans le monde
Au cours des dernières décennies, l’Occident a provoqué des situations en Afrique, dans les Balkans et au Moyen-Orient sous prétexte de chasser le totalitarisme et d’installer la démocratie. Un peu partout, les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, ont été à la base des guerres internes ayant abouti à des ruines, à des milliers de morts et de déplacés. Ils n’ont jamais hésité à utiliser leur bras armé qu’est l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord-OTAN- et les Nations-Unies pour chasser du pouvoir des dirigeants qui ne semblent pas s’inscrire dans leur logique de dominer le monde. Ainsi, en Libye, Mouamar Kadhafi devait tôt ou tard partir. Mais, au lieu d’attendre la poursuite de la mission du Comité de l’Union africaine, il a suffi que les chefs d’Etat africains, dont Denis Sassou Nguesso du Congo/Brazzaville, qui venaient de manger avec le Guide libyen quittent Tripoli pour que les avions de l’Otan, actionnée par la France de Sarkozy avec l’appui de l’Onu et de l’Amérique, se mettent à bombarder les installations stratégiques de ce pays. Depuis lors, les guerriers qui composaient son armée se sont emparés de l’armement sophistiqué de Kadhafi pour se répandre, telles de chenilles sur un arbre, sur l’ensemble du Sahel. Soldats tués, otages emprisonnés dans le désert, ne se comptent plus au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Mauritanie. Ne pouvant pas venir à bout des Islamistes qui écument cette partie de l’Afrique de l’Ouest, le même Occident organise des sommets et décide de tenir l’élection présidentielle dans une Libye dominée d’un côté par la Turquie, et de l’autre par la Russie qui soutient le maréchal Haftar. En Irak, l’Amérique qui ne voulait plus de Saddam Hussein, avait déployé aussi son armada pour l’arrêter et le tuer. Pourtant, l’on sait que malgré sa dictature, le leader irakien respectait une certaine idée de la démocratie, notamment en autorisant la liberté de religion. Aujourd’hui, plutôt que de la démocratie, l’Irak apparait sans aucun doute comme « une colonie » des USA. Le peuple n’a plus que ses yeux pour pleurer. En Syrie, en Afghanistan, ce sont les mêmes puissances occidentales qui avaient pourtant formé, entrainé et armé les régimes en place, qui s’emploient à exiger leur départ. Avec, sur le terrain, des milliers de morts, des déplacés, et des ruines. Les Talibans sont revenus au pouvoir, Bachar El Assad se maintient en place, et en Irak, les populations exigent à cor et à cri le retrait des Américains. Un échec cuisant pour l’Occident qui, dans sa volonté de mettre le monde sous sa coupe, se sert de la démocratie et des droits de l’homme comme du sucre pour attraper les mouches. Pourtant, bien qu’elle soit universelle, la démocratie ne peut être appliquée partout de la même manière. Chaque peuple est libre de s’en approprier en tenant compte de ses contingences spécifiques. Et comme si l’échec sur tous les terrains des opérations ne suffisait pas, le président américain Joe Biden a convoqué un sommet pour la démocratie où 110 pays ont été conviés. Sauf la Russie et la Chine, qui bloquent l’hégémonie mondiale de l’Occident. Pourtant, l’on constate la première fois que les États-Unis font aussi partie des « démocraties en recul » du fait d’une dégradation survenue sous l’ère Trump, selon un rapport de référence publié par l’organisation intergouvernementale International IDEA.Tout cela montre que dans les prochaines décennies, le monde risque de revivre le système de blocs antagonistes: le bloc de l’Est, avec en tête la Russie et la Chine et les pays qui ne supportent plus les tentatives de l’Occident de vouloir imposer ses modèles économiques et culturels. Et de l’autre, les Etats-Unis d’Amérique qui s’appuieront encore et toujours sur les pays d’Europe qui paraissent visiblement avoir du mal à cheminer seuls dans le monde, sans le parapluie de l’Oncle Sam.
Yamaina Mandala